Dans des écoles à travers tout le Japon se propage la rumeur du Courrier des Enfers, un mystérieux site web auquel il n'est possible de se connecter qu'à minuit. Si une personne y entre le nom d'une personne envers laquelle elle éprouve de la rancœur, elle recevra la visite de Ai Enma, la Fille des Enfers, qui lui fournira le moyen d'exercer sa vengeance : une poupée de paille autour de laquelle est noué un fil rouge. Il suffit alors de retirer le fil pour que Ai et ses associés envoient la cible de la vengeance directement en Enfer. Cependant, ce service a un prix : en retirant le fil, la personne est alors liée à Ai par contrat, et à sa mort, elle sera elle aussi conduite en Enfer, comme l'indiquera la flamme noire qui apparaîtra alors sur sa poitrine.
Tel est le prémisse de La Fille des Enfers (Jigokou Shoujo), une série anthologique hors-genre bordée d'horreur japonaise. Initialement diffusée en 2005, la série eut ensuite droit à une seconde saison (Jigoku Shoujo Futakomori) en 2006, puis à une troisième saison (Jigokou Shoujo Mitsuganae) en 2008, avant d'enfin faire son retour huit ans plus tard pour une quatrième saison (Jigokou Shoujo Yoi no Togi) en 2017.
La première saison introduit Ai Enma, le Courrier des Enfers, et le format épisodique de la série. Chaque épisode présente une victime et un antagoniste, ainsi que le contexte de leur situation. Au fil de l'épisode, les actions de l'antagoniste font de plus en plus sombrer la victime dans le désespoir, jusqu'à ce qu'utiliser le Courrier des Enfers ne devienne la seule façon pour elle de s'extirper de cette situation en envoyant son bourreau en Enfer. Après avoir établi la formule, la série ajoute à cela un élément récurrent : un journaliste nommé Hajime Shibata remarque la montée en popularité du site, et se lance dans une enquête à ce sujet. Aidée par sa jeune fille Tsugumi, qui semble mystérieusement liée à Ai, il essaye de convaincre les utilisateurs du Courrier de l'Enfer de renoncer à leur contrat, mais finit généralement par faire empirer les choses par son intervention.
La seconde saison reprend quelques années après la conclusion de la première, avec la même formule établie par celle-ci, Hajime et Tsugumi en moins. Cette fois-ci, les histoires son racontées du point de vue de Ai et de ses associés, alors que ceux-ci enquêtent et influent sur les circonstances entourant chaque affaire. Cette saison délaisse la moralité manichéenne de la première saison pour un ton plus pessimiste, avec des situations dans lesquelles ni l'antagoniste ni la victime n'a clairement raison.
La troisième saison fait une nouvelle fois alterner le format, en introduisant un troisième point de vue à la formule de base, cette fois-ci par le biais de Yuzuki Mikage, qui, en interagissant à la fois avec les victimes et les associés d'Ai, se voit offrir une rare opportunité d'observer sa ville natale et sa vie toute entière s'écrouler à travers le Courrier des Enfers. Et les choses ne font qu'empirer à partir de là.
La quatrième saison marqua le retour de la série huit ans après la fin de la saison précédente. Celle-ci est composée de douze épisodes, dont les six premiers sont des inédits introduisant le fantôme d'une jeune fille ayant oublié son identité, tandis que les six restants sont tirés des saisons précédentes.
La série dans son ensemble est une critique sociale utilisant le Courrier des Enfers pour analyser et déconstruire les aspects les moins plaisants de la culture et de la société japonaise (l'un des épisodes de Mitsuganae est même inspiré par l'incident du "Nice Boat"). Bien que beaucoup de ces thématiques soient universelles, les différences morales et culturelles font que certaines intrigues, telles que l'épisode-choc de Mitsuganae, perdent inévitablement de leur impact en route.
La première saison est notamment la seule à avoir eu droit à un doublage français, licencié par Kazé, et à une sortie au format physique répartie en trois DVD.
Il existe également une adaptation en manga, qui partage le prémisse et les personnages centraux de la série, mais suit sa propre intrigue. La première série, La Fille des Enfers, s'étend sur 9 tomes, suivie de La Nouvelle Fille des Enfers sur 3 tomes, Jigokou Shoujo R sur 11 tomes, et Jigoku Shoujo Ai Enma Selections - Gekikowa Stories sur 13 tomes. Une adaptation en prises réelles existe également, sous forme d'une série située dans la continuité de la première saison, en en reprenant le format anthologique tout en éludant l'intrigue principale (notamment parce qu'elle ne comporte que 12 épisodes). La série a également engrangé deux jeux vidéo, Jigoku Shoujo Akekazura sur Nintendo DS et Jigoku Shoujo Mioyosuga sur Play Station 2, ainsi qu'un jeu de puzzle pour téléphones portables distribué par i-mode via le service Konami-Net DX. Enfin, un film en prises réelles est sorti en novembre 2019, réalisé par Kôji Shiraishi.
La série présente des exemples de :
- Au Diable les Règles, J'ai des Super-Pouvoirs ! : Après être devenue la nouvelle Fille des Enfers, Yuzuki décide d'outrepasser les règles afin de se venger de la femme ayant injustement envoyé sa meilleure amie en Enfer, malgré le fait que le client qui désirait faire de même ait renoncé et que le contrat n'ait donc pas été passé, et va même jusqu'à attaquer Enma et le Maître des Enfers. Elle aurait très lourdement payé cette infraction si Enma n'était pas venue à son secours avant que le Maître ne l'envoie en Enfer.
- Clin d'Œil : Le concept de la série a été en partie inspiré de Hissatsu, un série japonaise centrée autour d'une équipe d'assassins accomplissant les vengeances de leurs clients ; La Fille des Enfers fait directement hommage à cette inspiration durant sa séquence d'introduction
, qui est une référence claire à la séquence d'introduction de Hissatsu. - Clin d'Œil Musical : Sakasama no Chou, le thème du générique d'ouverture de la première saison, est repris dans Futakomori comme musique d'une salle de bowling dans le sixième épisode, et dans le fond d'un café dans le dixième.
- Enfant Flippant :
- Les grand yeux rouges, le visage pâle complètement inexpressif, et le ton lent et dénué d'émotion de Ai Enma ne font qu'ajouter au côté déjà inquiétant de son rôle de Fille des Enfers.
- Kikuri est potentiellement le seul personnage encore plus flippant que Ai : une petite fille aux yeux entièrement violets, et dont le sadisme contraste de façon dérangeante avec son attitude enfantine et faussement innocente. Elle est en réalité un avatar du Maître des Enfers, bien qu'elle ne semble pas en être consciente.
- Kikuri et Ai peuvent parfois être assez adorables lors de certaines de leurs interactions, comme lorsqu'elles se disputent ("Si", "Non", "Si", "Non", etc.) et que Ai décide alors de remonter le ressort de Kikuri à l'envers pour l'immobiliser. Dès qu'il s'agit de répondre aux demandes du Courrier des Enfers cependant, seul leur côté effrayant est présent.
- Les Fautes de Nos Pères : Lorsque Ai Enma découvre que Hajime et Tsugumi sont les lointains descendants de l'ami d'enfance qui a aidé à l'enterrer vivante, elle cherche à se venger d'abord en essayant de les tuer, puis en faisant subir un Viol Mental à Tsugumi pour la convaincre d'envoyer son père en Enfer.
- Femme Géante :
- Dans l'épisode 14 de Mitsuganae, le châtiment de l'homme envoye en Enfer se conclut par une gigantesque Ai Enma, plus grande que les immeubles qui l'entourent, le poursuivant jusqu'à finalement l'écraser sous sa sandale.
- Durant le châtiment de l'épisode 4 de Yoi no Togi, la personne condamnée se retrouve pliée comme un origami de papier, avant d'être écrasée par une immense Kikuri. Par comparaison, Ai et Wanyudo, qui se trouvent à ses côtés, ne lui arrivent pas plus haut qu'aux genoux.
- Gag Récurrent : À partir de Mitsuganae, Kikuri est contrainte de prendre possession d'une poupée mécanique pour lui servir de corps ; il arrive ainsi fréquemment que son ressort tombe à plat, la stoppant net dans ses mouvements et l'immobilisant jusqu'à ce qu'il soit remonté à l'aide de la clé située dans son dos.
- Journaliste Intrépide : Hajime Shibata est un reporter freelance, qui décide d'enquêter sur le Courrier des Enfers, d'abord pour découvrir la vérité sur celui-ci, puis très vite dans le but de convaincre les personnes qui s'y sont connectées de renoncer à leur vengeance et de stopper la Fille des Enfers pour de bon. Il se retrouve ainsi fréquemment mêlé aux histoires de ces personnes, et ses interférences répétées finissent par attirer l'attention d'Enma Ai et de ses compagnons.
- Pacte avec le Diable : Il s'agit du prémisse-même de la série. Lorsqu'une personne entre un nom dans le Courrier des Enfers à minuit, la Fille des Enfers lui apporte une poupée de paille nouée d'une ficelle rouge. En retirant la ficelle, la personne dont le nom a été entré est immédiatement envoyée en Enfer, mais à sa mort, celle qui a retiré la ficelle sera elle aussi condamnée à l'Enfer pour l'éternité.
- Phrase Fétiche :
- Le châtiment tourmentant la personne envoyée en Enfer se conclut toujours par ce discours de Ai Enma : "Pauvre âme égarée dans les ténèbres, tu fais le mal et méprises ton prochain. Ton âme est à jamais souillée par le crime... Veux tu goûter à la mort ?"VO
- En transportant la victime en Enfer, Ai leur annonce : "La vengeance est accomplie, les enfers t'attendent."VO
- Au moment où la ficelle est dénouée, les associés de Ai déclarent : "La vengeance sera accomplie."VO
- Protagoniste Maléfique : Bien qu'elle-même n'ait pas de mauvaises intentions en soi, le travail de Ai Enma est d'envoyer les gens en Enfer, qu'ils le méritent ou non. Lorsque la personne ayant passé un contrat avec elle finit par mourir, c'est également à elle de l'y transporter.
- Tromperie sur la Marchandise : Il arrive parfois qu'un épisode présente une personne comme étant celle qui va être envoyée en Enfer, avant de finalement révéler que la véritable cible est quelqu'un d'autre.
- La cliente de l'épisode 16 de la première saison est une employée de cirque nommée Yumi, laquelle est fréquemment battue, fouettée et séquestrée par le propriétaire du cirque, tandis que sa sœur jumelle Yuki reçoit au contraire n traitement de faveur de la part de celui-ci. Contrairement à ce que laisse initialement penser l'épisode, la cible de Yumi n'est pas le propriétaire mais sa propre sœur, qui s'avère non seulement avoir été parfaitement consciente de la façon dont Yumi était traitée, mais avoir volontairement saboté ses numéros afin qu'elle continue d'être punie.
- L'épisode 23 de la première saison est une inversion, et l'un des exemples les plus tragiques. Hajime passe une partie de l'épisode a chercher qui désire se venger d'une infirmière qui semble appréciée de tous, et finit par découvrir qu'un homme lui voue une haine féroce car il la tient pour responsable de la mort de sa femme. Hajime passe une partie de l'épisode à essayer de le convaincre de renoncer à se venger... avant de réaliser que ce n'est pas lui qui avait contacté le Courrier des Enfers, mais un parfait inconnu qu'elle n'avait jamais rencontré.
- Dans l'épisode 5 de Mitsuganae, une enseignante nommée Miwa Niiyama est harcelée par la grand-mère d'une de ses élèves, Ririka Katase, qui l'accuse de s'acharner injustement sur sa petite-fille. Elle l'appelle au téléphone en pleine nuit, lui envoie des lettres de menace, et démarre même une campagne de diffamation envers l'enseignante. Miwa finit par découvrir que c'est en réalité son élève elle-même qui a menti à sa grand-mère pour la pousser à continuer, et Ririka est finalement envoyée en Enfer à sa place.
- Vilain Petit Canard :
- L'épisode centré autour du passé d'Enma Ai révèle qu'elle était détestée et maltraitée par tous les habitants de son village, qui la traitaient de monstre et l'accusaient d'apporter le malheur à tous ceux qu'elle approchait ; les seules personnes à la traiter correctement étaient ses parents et son cousin Sentarou. Il est fortement suggéré que la raison pour laquelle celle-ci est choisie comme Sacrifice Humain est pour que les villageois soient débarrassés d'elle.
- Quand Yuzuki était enfant, son père, un chauffeur de bus, trouva la mort dans un accident. La compagnie de bus déclara celui-ci responsable de l'accident, et les habitants de la ville rejetèrent alors leur colère sur Yuzuki et sa mère, refusant de leur adresser la parole et placardant des affiches sur leur porte pour les traiter de "meurtrières". Ceux-ci allèrent jusqu'à refuser d'aider Yuzuki lorsque sa mère tomba gravement malade, et toutes deux furent finalement forcées de quitter le ville et de trouver refuge dans un autel abandonné, où la mère de Yuzuki finit par succomber à la maladie.
- Durant la vie passée de Michiru, trois jeunes garçons se noyèrent dans un lac après y être tombés par accident alors qu'ils essayaient eux-mêmes de la noyer. Les habitants du village accusèrent Michiru d'avoir volontairement causé leur mort, et se retournèrent contre sa famille, vandalisant leur maison et refusant de leur vendre à manger. L'un d'entre eux finit par séquestrer Michiru sans boire ni manger pendant des jours, et les habitants refusèrent d'aider ses parents à la retrouver.
- Viol Mental : Avant d'être envoyées en Enfer pour de bon, les personnes ciblées par le Courrier des Enfers subissent un "châtiment" prenant la forme d'un Enfer Ironique cauchemardesque empli d'horreurs surnaturelles, leur infligeant souvent une version inversée de leur propre crime. Par exemple, dans le second épisode, un harceleur ayant failli tuer sa victime après avoir envoyé son père à l'hôpital se retrouve à arpenter ce même hôpital. Il est d'abord abattu au sol sur une marre de sang par des mains fantomatiques, puis aperçoit la fille qu'il a harcelé pleurant près du lit de son père et décide de l'achever... lorsque le père en question se révèle être un cadavre décomposé qui l'attaque en lui criant dessus pour avoir harcelé sa fille. Lorsqu'il repousse le cadavre et commence à le piétiner, il se rend compte que celui-ci s'est changé en double de lui-même. Et ce n'est qu'un aperçu de ce qui les attend réellement en Enfer ; beaucoup des personnes condamnées perdent ainsi la raison avant même d'y avoir été emmenées.
